Une scientifique de Poitiers a récemment été distinguée par un prestigieux prix pour une découverte révolutionnaire : identifier la présence de cellules cancéreuses grâce à des signatures olfactives spécifiques. Actuellement en phase de test pour le dépistage du cancer du sein et d’autres tumeurs, cette méthode innovante pourrait transformer le diagnostic médical en accélérant les détections et en ouvrant la porte à de nouvelles approches thérapeutiques.
L’idée d’identifier une maladie grâce à son odeur semble tout droit sortie d’un roman futuriste. Pourtant, une équipe de chercheurs de l’Institut de Chimie des Milieux et Matériaux de Poitiers travaille activement sur un concept inédit : l’usage d’une molécule-sonde, une substance chimique capable de réagir en présence de cellules tumorales et d’émettre une odeur détectable. Décryptons cette avancée scientifique, qui a permis à sa conceptrice de recevoir le prix « Ruban Rose Avenir ».
Une méthode comparable à un test respiratoire pour détecter le cancer
Le principe repose sur l’injection d’éthanol dans l’organisme. Lorsque cette substance entre en contact avec des cellules cancéreuses, elle se transforme et libère une odeur caractéristique qui peut être perçue dans l’haleine du patient. Le fonctionnement rappelle celui d’un test d’alcoolémie, car une simple analyse de l’air expiré ou un prélèvement sanguin suffirait à détecter d’éventuelles anomalies.
Cette technologie est actuellement en phase clinique 2, une étape d’expérimentation visant à évaluer son efficacité et sa sûreté. En particulier, un centre médical reconnu teste cette approche sur le cancer du poumon. Le protocole est simple : après sept à huit heures, l’échantillon prélevé est analysé pour déterminer si une réaction olfactive s’est produite, ce qui permettrait de repérer la présence de cellules cancéreuses bien avant l’apparition de symptômes visibles.
L’espoir est grand : si les essais confirment la fiabilité de cette méthode, elle pourrait constituer une avancée majeure dans le diagnostic précoce de plusieurs types de cancers. L’équipe poitevine se concentre actuellement sur les tumeurs pulmonaires et mammaires, car une détection rapide augmente considérablement les chances de succès des traitements. Avec un temps d’analyse inférieur à 24 heures, cette technique offrirait une alternative précieuse aux examens médicaux plus lourds.
Une empreinte olfactive propre à chaque type de cancer
L’objectif des chercheurs ne se limite pas uniquement à détecter la présence d’une tumeur. Ils ambitionnent également d’identifier le type exact de cancer en fonction de l’odeur émise. Pour ce faire, plusieurs molécules-sondes sont actuellement à l’étude, chacune étant susceptible de réagir différemment selon la localisation de la tumeur dans l’organisme.
Grâce aux fonds obtenus avec la récompense, les chercheurs vont pouvoir financer du matériel de pointe, recruter des experts et élargir les tests cliniques. Même si cette innovation ne sera pas immédiatement disponible dans les hôpitaux, elle suscite déjà un grand intérêt parmi les professionnels de santé.
À terme, l’objectif est d’intégrer cette méthode olfactive aux outils diagnostiques actuels, afin d’offrir un dépistage plus rapide et plus précis. Les travaux se poursuivent, avec l’ambition de déployer ces tests à grande échelle et d’affiner les traitements en fonction des spécificités de chaque tumeur détectée par son odeur unique.