Un nouveau défi viral inquiète les médecins : des adolescents ingèrent des doses massives de paracétamol pour voir qui restera le plus longtemps hospitalisé. Pourtant, selon les spécialistes, un surdosage de ce médicament est « l’une des pires façons de s’empoisonner ».
Un défi risqué qui prend de l’ampleur
Parmi la longue liste des challenges apparus sur TikTok, celui-ci pourrait bien figurer parmi les plus dangereux. Apparu aux États-Unis, le « Paracétamol Challenge » se propage sur les réseaux sociaux. Le principe ? Avaler le maximum de comprimés de paracétamol, un médicament en vente libre présent dans des produits comme le Doliprane ou l’Efferalgan.
L’objectif de ce défi est de rester le plus longtemps possible sous surveillance médicale après une intoxication. Une mise en danger qui a déjà coûté la vie à un enfant de 11 ans aux États-Unis. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce médicament couramment utilisé n’est pas sans risques. Bien au contraire, « c’est une substance toxique et extrêmement dangereuse », alerte Mathieu Molimard, pharmacologue au CHU de Bordeaux.
D’après lui, une overdose de paracétamol est l’un des pires scénarios possibles : « Chaque année, des milliers de personnes en meurent. » C’est la raison pour laquelle les boîtes de paracétamol contiennent un nombre limité de comprimés, ne dépassant généralement pas huit grammes au total. « On réduit le nombre de comprimés par boîte pour éviter qu’une prise excessive devienne fatale », précise-t-il.
Des séquelles irréversibles en cas de surdosage
Même si l’ingestion excessive n’entraîne pas immédiatement la mort, elle peut provoquer des dommages irréparables sur l’organisme. « Dans le meilleur des cas, il faudra subir une greffe du foie », explique Mathieu Molimard. Cette transplantation consiste à remplacer un foie gravement endommagé par un organe sain provenant d’un donneur décédé.
Mais cette issue n’est pas garantie. En cas d’échec de la greffe ou d’impossibilité d’en recevoir une, « le patient risque de passer un mois en réanimation avant de succomber ». Dans certains cas, l’espérance de vie après un tel empoisonnement est très faible. « Ce défi relève d’une inconscience totale », déplore le spécialiste.
Il recommande de ne jamais dépasser quatre grammes de paracétamol par jour pour un adulte, et idéalement de se limiter à trois grammes. Pour les enfants, la dose maximale est de 0,06 gramme par kilo et par jour. Chaque organisme réagit différemment : certaines personnes peuvent dépasser légèrement les doses sans effets immédiats, tandis que d’autres subissent de graves complications dès six à huit grammes.
Les dangers sous-estimés des médicaments
Le problème vient du manque de sensibilisation aux risques liés aux médicaments. Beaucoup pensent que les médicaments sont inoffensifs, surtout ceux en vente libre comme le paracétamol. Pourtant, ce sont tous des substances potentiellement toxiques. »
Chaque médicament est en réalité un toxique dont la dose a été ajustée pour apporter un effet bénéfique sans danger. C’est pourquoi ils ne sont autorisés à la vente qu’après de nombreuses vérifications, avec des recommandations précises sur les quantités à ne pas dépasser.
Le paracétamol est un ingrédient courant dans plus de 200 médicaments, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Un risque supplémentaire réside dans le fait que certaines personnes cumulent plusieurs traitements sans se rendre compte qu’ils contiennent tous du paracétamol. « Si vous prenez du Fervex, du Doliprane et de l’Efferalgan codéiné en pensant utiliser trois produits différents, vous pouvez rapidement dépasser la limite des trois grammes par jour. »
Une fausse idée sur ses effets
Enfin, sur TikTok, certains vantent les supposés effets relaxants du paracétamol, une idée totalement erronée. C’est une illusion, le paracétamol n’a aucune propriété apaisante. Un jeune en bonne santé qui pense en prendre pour se sentir mieux ferait bien de se tourner vers des alternatives bien plus efficaces.
Sources:
www.lepoint.fr
Mathieu Molimard, pharmacologue
